Drame à Châteauroux «Et quelques jours après, le même jeune se retrouve...»

AFP

29.4.2024

«Un coup dur» pour la commune de Châteauroux, confie son maire, Gil Avérous: après la mort d'un adolescent de 15 ans, survenue lors d'une rixe samedi, un mineur du même âge et sa mère de 37 ans doivent être déférés lundi au pôle judiciaire criminel.

Plusieurs faits de violences entre jeunes se succèdent en France (image d’illustration).
Plusieurs faits de violences entre jeunes se succèdent en France (image d’illustration).
ats

AFP

29.4.2024

La rixe est survenue vers 18H00 sur la voie publique de cette commune de quelque 43.000 habitants et la victime est décédée à l'hôpital dans la soirée, avait précisé la procureure de la République à Châteauroux, Agnès Auboin, dans un communiqué transmis dimanche.

Si le motif de cette bagarre n'était pas connu lundi, une source proche de l'enquête a assuré auprès de l'AFP que cela «n'a rien à voir avec l'islamisme, il n'y a aucun caractère religieux». Il s'agit d'une «bagarre de rue», a abondé une source judiciaire.

Alors que l'enquête se poursuit, le fait que l'agresseur est «d'origine afghane», selon une source proche de l'enquête, sans plus de précision sur sa nationalité, a conduit plusieurs figures de la droite et de l'extrême droite à dénoncer la «politique migratoire» du gouvernement. Interpellé environ deux heures après la bagarre, le suspect, âgé de 15 ans, a été placé en garde à vue.

Agée de 37 ans et sans antécédent judiciaire, la mère de l'adolescent suspecté a également été placée en garde à vue samedi soir car elle est soupçonnée d'"être impliquée dans les faits de violences survenus le 27 avril", selon la procureure.

Le maire divers droite de la commune, Gil Avérous, a précisé à la presse que «cette famille est en situation régulière sur notre territoire». «Les parents (de la victime, ndlr) ne souhaitent pas qu'il y ait de récupération politique, qu'on parle du RN ou d'immigration parce que ça ne leur ressemble pas», a-t-il également rapporté.

Les parents du jeune décédé, restaurateurs dans la commune, étaient à leur tour entendus lundi matin par les enquêteurs, selon une source proche. «C'est très dur pour la ville», a confié à l'AFP Gil Avérous, qui a reçu le soutien de plusieurs ministres ces dernières heures.

La rixe s'est produite dans le «quartier Saint-Denis, c'est un quartier résidentiel classique. Il y a quelques barres d'immeubles, mais ce n'est pas un quartier qui est classé en politique prioritaire», a souligné le maire de la ville au cours d'une conférence de presse, qui y vit lui-même.

«Ultraviolence» des jeunes

L'auteur présumé «n'a jamais été condamné par la justice et son casier est vierge de toute condamnation», a affirmé dimanche la magistrate.

Mais deux procédures pénales concernaient l'auteur présumé de cet homicide, dont l'une pour des faits de vols aggravés avec violences, avait-elle précisé.

Il avait été mis en examen «pour des faits de nature correctionnelle» et placé sous contrôle judiciaire par un juge d'instruction le 22 avril, «seule mesure de sûreté prévue par le code de la Justice pénale des mineurs vu son âge, sans condamnation antérieure».

Interrogé par une journaliste sur une éventuelle insulte portant sur l'origine du suspect comme  motif de la rixe samedi, le maire a répondu n'avoir «aucune information» sur ce point.

«On ne connaît pas encore tous les tenants et aboutissants de cette affaire», a rappelé Gil Avérous. Néanmoins, «le meurtrier, à deux reprises, a été interpellé ces dernières semaines», a poursuivi l'édile, et ces faits «n'avaient pas permis à la justice une incarcération». «Et quelques jours après, le même jeune se retrouve dans la rue avec un couteau», a-t-il encore déploré.

«Les deux protagonistes, auteur comme victime, ont 15 ans. C'est pour moi la preuve de l'ensauvagement, de l'ultraviolence qu'est en train de connaître notre société chez les mineurs», a estimé Gil Avérous. «Il est très urgent de redéfinir une politique en la matière», a-t-il plaidé.

La mort de cet adolescent survient après plusieurs faits de violences entre jeunes, comme le passage à tabac mortel à Viry-Châtillon de Shemseddine, 15 ans, près de son collège.

Le Premier ministre Gabriel Attal débute lundi ses consultations des groupes politiques autour de ses propositions destinées à endiguer la violence d'une partie de la jeunesse, parmi lesquelles son souhait notamment que les élèves perturbateurs soient «sanctionnés» dans l'obtention de leurs diplômes scolaires.